Paris et Nicolas Flamel– Le Voyage Alchimique – Étape 6
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Le porche sud de la cathédrale de Chartres recouvert de médaillons alchimiques
Sur le chemin du retour, l’alchimiste passe à nouveau par Chartres : sur le porche sud il découvre ce qu’il n’avait pas su voir auparavant : de nombreux symboles alchimiques qui prennent désormais tout leur sens: des rois musiciens, le dragon, les symboles de l’antimoine, du sel, du soufre et du mercure…
En retrouvant Chartres, Patrick Burensteinas découvre les médaillons du portail sud :
ici le conflit des deux principes féminin et masculin, mercure et soufre
Les somptueuses gravures des grimoires alchimiques deviennent elles aussi plus compréhensibles : La Splendeur du Soleil de Salomon Trismosin, Les douze clefs de Basile Valentin, Le lever de l’aurore (aurora consurgens), attribué à saint Thomas d’Aquin, Le rosaire des philosophes (XIV° siècle), montrent poétiquement le mariage de soufre et du mercure, de l’animus et de l’anima, comme l’écrivent le psychiâtre Carl-Gustav Jung et Marie-Louise Von Franz dans le Mysterium conjunctionis ( le mystère de la réunion des opposés) : l’alchimie ouvre les portes de l’inconscient et du rêve : la lune s’unit au soleil.
L’alchimiste arrive à Paris, ville d’alchimistes.
Saint Michel est présent, place saint-Michel : l’archange, debout sur un gros bloc de pierre d’où s’écoule l’eau d’une fontaine, est entouré de deux dragons ailés qui réunissent le ciel et la terre…
Au départ du boulevard Saint-Michel, la fontaine dédiée à l’archange invite à une lecture alchimique:
la pierre, l’eau, les dragons, et Lucifer qui a apporté la lumière dans la pierre
Sur l’autre rive de la Seine, la tour Saint-Jacques semble célébrer le plus connu des alchimistes : Nicolas Flamel. Ecrivain public et alchimiste, il avait établi son échoppe contre les murs de l’église Saint-Jacques de la boucherie, dont il ne reste que le clocher, la tour Saint-Jacques construite au début du XVI° siècle, peu après la mort de l’alchimiste, comme pour célébrer son fructueux voyage à Saint-Jacques de Compostelle……
Au pied de la tour saint jacques, se dressait rue de Rivoli l’église Saint-Jacques de la boucherie à laquelle s’adossait l’échoppe de Nicolas Flamel
On dit qu’un personnage mystérieux, Abraham le Juif, qui aurait été guidé par un Ange, lui remit un grimoire incompréhensible. Pour en saisir le message, Flamel décida d’entreprendre le pèlerinage de Saint-Jacques de Compostelle.
C’est à son retour, qu’une nouvelle rencontre, celle de maître Canches lui permit de déchiffrer le grimoire.
C’est tout le sens de cette sixième étape du Voyage Alchimique : comme Nicolas Flamel, nous arrivons à comprendre les grimoires. Nous pouvons entreprendre la troisième phase du Grand’Œuvre : l’œuvre au rouge, la réalisation de la Pierre philosophale.
Ce que fit Nicolas Flamel. Mais comment a-t-il pu comprendre les énigmes des grimoires ?
A reliant le travail au laboratoire à la lecture des traités.
« Ora, lege, lege, lege, relege, labora et invenies » dit un adage alchimique.
A la fin du Mutus Liber, un adage alchimique célèbre, entre les deux principes, masculin et féminin ; soufre et mercure, évoqués aussi par la lune et le soleil (l’or) sur le vase… Le point dans le cercle indique l’or donc l’heureuse issue de la quête du couple alchimique
Le travail de Patrick Burensteinas est prometteur: au laboratoire, nous voyons, en direct, la matière première changer d’état : le métal dans le creuset devient tout d’un coup invisible, transparent comme de l’eau : la matière s’est tellement allégée qu’elle laisse désormais passer la lumière. On peut voir le fond du creuset à travers le liquide.
Nous avons commencé à tirer sur le fil qui tisse la réalité des apparences… Nous passons à travers la matière que nous « détricotons »……
L’antimoine en fusion est devenu transparent comme de l’eau :
on voit le fond du creuset
Nicola Flamel ne nous a pas laissé le livre d’Abraham le juif. Mais il a fait sculpter une arcade dans le cimetière des Innocents à Paris. Une arcade, qui a été détruite en même temps que le cimetière à la fin du XVIII°siècle, mais qu’un siècle auparavant un alchimiste avait décrite avec toutes ses couleurs symboliques : ce livre nous est parvenu, c’est le Livre des figures hiéroglyphiques dit de Nicolas Flamel, et « recopié » par un certain Arnaud de la Chevalerie (ou des alchimistes du XVI°siècle).
Le livre d’Arnaud de la Chevalerie montre l’arcade construite par Flamel telle qu’on pouvait la voir jusqu’à la fin du XVIII°siècle
A partir de ce livre nous avons pu reconstituer le cimetière des Innocents et l’Arcade décorée par NIcolas Flamel. Nous avons aussi pu filmer les merveilleuses gravures d’une « copie » du livre d’Abraham le juif…Ce sont des copies, mais sans aucun doute, elles sont « alchimiques » : Patrick Burensteinas les déchiffre pour nous.
Reconstitution en image de synthèse du cimetière des Innocents à la fin du XVIII°siècle. Au fond l’arcade décorée par Nicolas Flamel
Détail de l’arcade de Flamel avec ses couleurs d’origine (selon Arnaud de la Chevalerie)
L’arcade du cimetière montre le massacre des innocents, ce qui semble tout à fait normal vu le nom du cimetière, mais les alchimistes y ont vu l’Oeuvre au noir. Le Christ est entouré de Flamel et de son épouse Pernelle: il tient le globe du monde, qui est divisé en trois couleurs, celles du soufre, du sel et du mercure… : Il y a aussi des dragons, et un lion rouge…
Est-ce suffisant pour en faire un message alchimique ?..
Cette lecture alchimique est évidemment critiquée. Plus authentique, est la véritable pierre tombale de Nicolas Flamel, conservée au Musée de Cluny à Paris : Le soleil, la lune, et surtout le nom même de Flamel semble amener la réalité à rejoindre le mythe : Nicolas en grec, signifie « le vainqueur de la pierre » et « Flam-el » le feu, la « flamme » de Dieu…
Trop d’indices montrent l’importante présence d’alchimistes à Paris.
La pierre tombale authentique de Nicolas Flamel
L’église Saint-Etienne du Mont, recèle de magnifiques vitraux dont les symboles bibliques peuvent être lus de façon alchimique : une croix supportant le Christ est plantée dans un creuset bouillant (INRI a été interprété comme « Jésus de Nazareth Roi des Juifs », ou comme « Par le Feu la Nature est Intégralement Rénovée » (« Igne Natura Renovatur Integra »), une lecture transmise par le mouvement Rose-Croix…
Plus loin, une licorne (l’Oeuvre au blanc) pénètre dans l’arche de Noé, ou encore des serpents venimeux sont domptés par un serpent d’airain crucifié (ce qui reprend une gravure du Livre d’Abraham le juif). Plus loin encore le « Christ au pressoir »… « Le vin rend divin », dira Rabelais….
Le sang du Christ se transforme, se transmute en vin
Une autre église, Saint-Gervais-Saint-Protais, près de l’hôtel de ville de Paris, cache sous les miséricordes du chapitre, des sculptures sur bois qui n’ont rien de chrétien : cinq tonneaux reprennent le symbole du sel et de la quintessence, ou un mieux encore, sous une autre stalle, un sanglier boit du sang : en alchimie on doit faire passer la teinture (rouge) à l’intérieur du sel : ce que fait ce sang-lier, qui lie (scelle) le sang en le buvant… Une application de la langue des oiseaux…
Cinq tonneaux, marqués du signe alchimique du Sel…
L’alchimie a construit un véritable univers avec son langage, ses symboles, ses mythes et son efficience…
Notre-Dame de Paris, achève en beauté ce décryptage de l’alchimie. C’est le but et le terme de notre voyage alchimique.