Aran
Ce film a été réalisé par Georges Combe entre 1973 et 1978, sur les îles d’Aran, trois îlots désolés à l’ouest de la baie de Galway, en Irlande. Huit cents habitants, qui ont vécu pendant des siècles dans une relative autarcie.
Ce film montre comment, en l’espace de quelques années, ces îles qui ont conservé un mode de vie ancestral et gaélique, sont confrontées brutalement à l’arrivée des touristes et de la civilisation occidentale moderne.
Ces îles comme une dernière Atlantide qui disparaîtrait dans l’océan.
Les images rapportées sont aujourd’hui presque impossibles à refaire : le paysage a changé et les modes de vie aussi.
Georges Combe a souhaité redonner vie à ce monde disparu et à ce film qui a près de cinquante ans… Le film a été restauré. Les couleurs ont retrouvé leur éclat, les rayures et les poussières du temps ont été effacées. C’est cette version qui est présentée aujourd’hui.
Mais Aran est bien plus qu’une simple succession de trois îlots sur l’océan à l‘ouest de l’Irlandais.
Déjà, à la fin du XIX° siècle, les îles d’Aran avaient acquis une sorte de dimension mythique. Le romantisme du mouvement gaélique qui devait aboutir à l’indépendance de l’Irlande avait donné une forme de célébrité symbolique à cette terre minuscule perdue au large du Connemara.
Le poète William Butler Yeats s’était installé près de la baie de Galway (dans la tour Ballylee), à quelques lieues de la demeure de Lady Gregory (dans le comté Clare à Coole), la « George Sand » de la renaissance irlandaise… Yeats et Lady Gregory convainquirent le dramaturge John Millington Synge d’aller à la découverte d’Aran. Synge y retourna plusieurs étés : il en ramena la matière de ses pièces de théâtre, Le baladin du monde occidental et A cheval vers la mer.
Aran , un lieu de rencontre entre la nature sauvage et la force de la poésie.
Ces trois petites îles ont suscité l’inspiration des artistes, visiteurs ou natifs de ces îles : Liam O ‘Flaherty (1896-1984), originaire de la plus grande île, Inishmore, devint un romancier célèbre (le Mouchard, Famine), la mère du réalisateur John Ford naquit sur ces îles d’Aran, le cinéaste Robert Flaherty, d’origine irlandaise, vint tourner à Aran son film célèbre L’Homme d’Aran (1934), le dramaturge Antonin Artaud se rendit sur l’île en 1937 et ce fut un prélude à sa folie et à son internement… Ces îles d’Aran ont une puissance quasiment magique. « Une terrible beauté » comme l’écrivit le poète Yeats.
Le film de Georges Combe oscille entre le monde rugueux et minéral d’Aran, les vestiges du monde gaélique (langue, danses populaires, vie proche de la terre, entretien des toits de chaume…) et l’arrivée du monde « occidental » -qui n’est pas le monde de Synge- mais celui du capitalisme et de l’industrie touristique naissante.
« When you start progress, you don’t know how it’s going to wind up.” dit-on dans le film.
Georges Combe retrouva l’actrice qui joua dans le film de Flaherty. Elle habitait toujours sur l’île. Des « touristes du monde entier » viennent lui rendre visite, confie-t-elle. Malgré la rudesse de la vie, le froid, le vent, l’inconfort, peu d’habitants ont souhaité quitter l’île : un lieu de bonheur et de beauté, un contact incomparable avec la nature.
Le film a été tourné en 16 mm sur une période de trois années : trois séjours en hiver et deux en été. Il fallait être présent pour filmer des éléments importants de la vie sur l’île : Une tempête, avec des vents de force 11, la célèbre scène de l’embarquement des vaches sur la petite île d’Inishere, le « ceili » à Kilronan, et les incomparables lumières du ciel de l’ouest de l’Irlande.
Le film est sorti en 1979 en salles de cinéma : 6 mois à Lyon (Le cinéma), 5 mois à Paris (le saint André des arts), à Avignon (Utopia), à Montpellier, etc. Il a obtenu un prix du film documentaire au festival de Nyon en Suisse (aujourd’hui festival de Locarno), et fut salué par la critique.
Puis il a disparu. Grâce à Grégoire Cutzach, il retrouve une nouvelle vie avec cette copie restaurée. Il est donc disponible en VOD et sa restauration en 4K devrait aussi permettre une exploitation d’Aran en salles de cinéma, car ce film a été comme, tous les films à l’époque, pensé pour le cinéma, par son rythme, son mixage, son propos et son ampleur lyrique.
Quelques extraits du dossier de presse lors de la sortie du film en 1979
Georges Combe a rapporté des îles d’Aran de très belles images d’une population austère lentement absorbée par la civilisation.
L. Marcorelles LE MONDE
Un film pessimiste et beau, un discours amoureux sur un fragment de terre.
T. Lambert LIBÉRATION
En tant qu’amoureux de l’Irlande et critique de cinéma, je dis que Georges Combe a su très exactement montrer ce qu’il fallait voir dans ce film presque entièrement sublime.
M. Marmin LE FIGARO
Par la beauté et l’efficacité de ses images, par la subtilité de son regard critique, Aran renoue avec les plus grandes réussites de la fameuse école documentariste anglaise.
R. Lefèvre CINÉMA 79
Il faut aller écouter cette belle et triste cantate.
C. Gèle ÉCRAN 79
Georges Combe, auteur de cet étonnant documentaire, a laissé parler les images. Elles sont éloquentes.
J-P Grousset LE CANARD ENCHAINÉ
Une symphonie grave comme un soir d’été que menace l’orage, émouvant et parfaite comme un ciel d’automne que trouble seulement l’écho des sentiments essentiels.
F.Cohendy LE PROGRÈS
Générique
Aran,
ou la dernière Atlantide
avec les habitants des îles d’Aran,
dont Maggie Dirrane, actrice de l’Homme d’Aran » de Robert Flaherty
Images : Guy Marconnier et Georges Combe
Son : Claude Joly
Musique traditionnelle irlandaise : C. Delaunay, M. Mc Guire,P. Mitchell, C. Piggott
Montage : Philippe Baudart et Georges Combe
Mixage : Alain Champelovier
Scripte : Aline Favre
Régie : Anne Kennedy
Production : Les Films du Plateau
Un film de Georges Combe
Coordination de la restauration : PGA films, Grégoire Cutzach (2021)
Restauration Images : Lumières Numériques
Restauration son : L.E. diapason
Mixage : Pilon Cinéma, Jean Baptiste Cornier
C 1978-2021 : Les Films du plateau – CLC Productions