Chartes - Le Voyage Alchimique - Étape 2
Chartres : une cathédrale. Peut-être la plus mystérieuse des cathédrales gothiques. C’est notre deuxième étape. Les alchimistes, certes, ont été considérés comme des hérétiques. Mais leur science est loin de l’être : au Moyen Age, on désignait parfois le Christ comme « la Pierre Philosophale »…
La silhouette de la célèbre cathédrale avec ses deux tours.
La cathédrale de Chartres plonge dans un passé plus lointain encore : elle occupe un lieu de culte celtique où se réunissaient les Carnutes, un des nombreux peuples de la Gaule qui vivait sur le plateau de la Beauce. Chartres, dont le nom vient de la même racine que les Car-nutes, était avec Orléans la capitale du peuple des Carnutes, immortalisé par les aventures d’Asterix : Le doyen des druides, Archéoptérix, vit dans le forêt des Carnutes…
Ces druides, les « très-savants », connaissaient-ils l’alchimie ? Leur proximité légendaire avec la nature invite à le penser.
Les dragons et le chêne: l’univers des druides
En tout cas, juste devant la cathédrale, des sculptures sur la maison canoniale nous montrent, de la même manière qu’à Bruxelles, quelques éléments du secret des alchimistes : ici, deux dragons regardent l’arbre des druides, un chêne. Sur ce chêne, on peut voir la « pomme » du chêne, un parasite qui contient un acide capable de purifier la matière première de l’œuvre alchimique…
Nous sommes sur le bon chemin…
Le fameux labyrinthe dans la nef de la Cathédrale de Chartres
quand il n’est pas recouvert par les chaises
Un chemin pré-chrétien, certes, comme le montre, à l’intérieur de la cathédrale, le célèbre labyrinthe, l’un des rares labyrinthes qui ait été conservé : les labyrinthes figurés sur le sol des cathédrales étaient considérés par le clergé comme une intrusion paienne dans un lieu chrétien. Il convenait donc de les faire disparaître, ou de les christianiser sous l’appellation de « lieue de Jérusalem », comme ici à Chartres….
On voit dans le film comment fonctionnait le labyrinthe : il s’agit d’un cheminement initiatique entre deux cercles de femmes et d’hommes: un cercle extérieur, déterminé par la circonférence du labyrinthe, et un cercle intérieur qui entoure le centre du labyrinthe : une plaque de cuivre qui montrait Thésée combattant le minotaure ; une plaque qui a disparu à la Révolution.
L’emplacement des assistants est marquée sur les deux cercles extérieur et intérieur par de petits demi cercles de la taille des pieds ; ce qui peut rappeler, par exemple dans le jeu de pétanque, le demi-cercle qu’on trace au sol pour indiquer l’endroit où les joueurs doivent se tenir pour lancer leur boule.
Le candidat à l’initiation effectue son cheminement entre le cercle extérieur et le cercle intérieur des assistants. Le trajet qu’il doit suivre est figuré par des dalles sur le sol qui l’amènent à décrire un circuit pendulaire. Par cette oscillation il semble capter toute l’énergie que lui envoient les assistants placés sur les cercles extérieur et intérieur du labyrinthe.
Le labyrinthe en action
Comment le savons-nous ? Par déduction logique, et par expérience : alors que nous filmions le labyrinthe, nous eûmes la chance de voir en direct, sans rien avoir organisé, une sorte de démonstration par des étudiants d’une université allemande : ils avaient fait le voyage à Chartres pour venir vivre cet échange énergétique et, par hasard, notre caméra était là…
Les mesures énergétiques que nous apprend la géobiologie confirment ce fonctionnement du labyrinthe : à l’entrée du circuit déambulatoire le taux vibratoire des énergies est très bas, marqué par la terre. Au terme de la pérégrination, au centre du labyrinthe, le taux vibratoire est très élevé, marqué par le Ciel. En parcourant le labyrinthe l’alchimiste élève son esprit et se rend plus disponible pour l’œuvre.
Une des vierges noires de Chartres : celle-ci est dans la nef une autre vierge noire est dans la crypte,
lieu plus approprié à la signification des vierges noires.
La cathédrale de Chartres ne se limite pas au seul labyrinthe pour l’alchimiste : il y rencontre une vierge noire, et sur les vitraux une autre vierge nimbée du célèbre « bleu de Chartres ». On a dit que les couleurs uniques des vitraux de Chartres étaient obtenus par des procédés alchimiques.
Au laboratoire, Patrick Burensteinas nous montre la vitrification de l’antimoine, la matière première de l’alchimie métallique. Le métal peut devenir transparent comme du verre et teinté de jaune, de bleu, de rouge, des teintes subtiles qui semblent venir d’une dimension cachée du monde. Ne parle-t-on pas de l’ultra-violet ou de l’infra-rouge, des couleurs invisibles mais qui n’en existent pas moins… La lumière de la nef de la cathédrale a donc une résonance mystique. Elle s’allie à la géométrie des piliers et à la disposition des différents étages qui entourent la nef… Une géométrie des nombres qui a un rapport avec l’acoustique et la musique…
La nef de la cathédrale de Chartres s’ouvre sur un autre monde.
Par les couleurs et par les sons la cathédrale devient une sorte d’athanor alchimique, un lieu de transmutation qui élève l’esprit et l’âme des fidèles vers le ciel… Le « laboratoire » de l’alchimiste est un four, un athanor, mais aussi un oratoire… Labor et oratoire…
Les deux tours de Chartres réunissent le soleil et la lune, le principe masculin et le principe féminin. Une des tâches essentielles de l’alchimiste
L’alchimiste rencontre plusieurs vierges dans la cathédrale dont la vierge noire dans le cœur de la terre, Notre-Dame-de-sous-terre, c’est-à-dire dans la crypte. Les vierges noires sont au coeur des énergies de la matière que symbolise le dragon maintenu en terre par Saint-Michel.
Mais les vierges noires ne sont pas négatives ; elles portent l’enfant sur leurs genoux, comme la déesse Isis porte son enfant Horus dans la mythologie égyptienne. Elles invitent l’alchimiste à l’œuvre au noir qui consiste à ouvrir la matière pour libérer les énergies qu’elle contient. Les vierges noires sont liées à la mort, certes, d’où leur place dans la crypte, mais aussi à la lumière et à la résurrection, avec l’enfant qu’elles présentent au pèlerin.
La cathédrale de Chartres commence à préciser le chemin que suit l’alchimiste. La Vierge noire évoque la mort, accompagne l’esprit du défunt dans l’au-delà, exactement comme Saint-Michel.
Alors s’impose l’étape du Mont Saint-Michel….